Comme chaque saison, ce second week-end Ephata 14-16 est centré sur la rencontre de l’autre différent/e. Cette année, ce thème a été décliné de deux façons : l’accueil du migrant, et les amitiés garçons/filles. Profitant des vacances, les jeunes sont arrivés à la gare de Vielsalm plus tôt que d’habitude, pour une marche nocturne jusqu’à Farnières, où ils ont calmé leur faim avec un pain garni de saucisses grillées par Manu. Les jeunes 17+ ont rejoint les jeunes 14/16 pour commencer la journée de samedi avec le témoignage de Fouad, amené par Jérémie Forget. Ils travaillent tous les deux au centre d’accueil des réfugiés qui a été ouvert par la Croix Rouge à Virton.

Fouad est palestinien d’origine, et sa famille avait été déplacée en Syrie, près d’Alep. Il a fui son pays à l’âge de 19 ans, quand il a vu un de ses amis être emprisonné et battu à mort par le régime de Bachir El Hassad. Un autre de ses amis s’est engagé à l’armée et a été tué. Fouad a été recherché, et il a choisi de partir. Il a traversé la Turquie et toute l’Europe, passager clandestin dans un camion. Il est arrivé à Calais avec le projet de passer en Angleterre où vit sa sœur, mariée à un palestinien.

Pendant deux mois, deux fois par jour, il a essayé de passer … au point d’être bien connu des policiers avec qui il a établi une certaine complicité. Finalement il est revenu vers la Belgique, à Bruges, où il a été arrêté et emprisonné durant quatre mois : on le soupçonnait d’être « passeur ». Sorti de là, il s’est retrouvé à Bastogne. Il y rencontre sa futur femme et a pu se domicilier chez elle au bout de six mois. Encore 18 mois pour obtenir le statut de réfugié. Après divers emplois, notamment comme soudeur, il s’est engagé à la Croix Rouge. Actuellement, il travaille au centre de Virton, comme mécanicien, mais il passe beaucoup de temps à servir d’interprète pour les interviews des réfugiés. Il dit qu’il veut rendre service à tous ces gens. Parfois il remet les pendules à l’heure en faisant comprendre que certaines revendications n’ont pas leur place. Fouad est plein de bon sens : en prison, il s’est retrouvé avec une majorité de musulmans arrêtés pour des braquages, du trafic de drogue, des actes de violence. A ceux qui réclamaient de la nourriture hallal, il faisait remarquer qu’ils devraient être plus cohérents, et commencer par respecter la prière, et refuser toutes leurs activités en contradiction avec le Coran. Il s’engage parce qu’il veut donner un beau visage de l’Islam.

Le volet « Saint-Valentin » a été abordé par le biais d’une histoire en partie vraie d’un jeune à la recherche d’une compagne. Le récit rocambolesque était interrompu par des questions à choix multiples. Le « temps de désert » a débuté par un « deux à deux » : les jeunes étaient envoyés par deux, sous un parapluie jaune, pour échanger sur l’amitié, la confiance, et les qualités pour construire des amitiés solides et enrichissantes.